Pendant ce temps à la maison, Jean est stimulé. Non pas que nous ayons décidé d’appliquer une méthode particulière… Seulement il a ses frère et sœurs qui finalement ne sont pas bien plus vieux que lui et qui essayent de l’intégrer dans leurs jeux, et il participe ravi de pouvoir faire avec eux les petits spectacles qu‘ils nous concoctent. Il y a aussi le fait que malgré sa différence évidente, Jean a beaucoup d’humour, il doit être né pour faire la fête, il capte tout de suite le second degré et durant toutes ces années et encore maintenant, nous ne nous privons pas de l’encourager et de parfois désamorcer ainsi les tensions qui peuvent survenir .
Jean a aussi peut-être cette chance d’être très beau et aimable, il ne fuit pas devant les gens. Par contre pas question qu’il fasse un bisou où qu’il accepte un câlin, mais ses refus sont toujours accompagnés d’un sourire.

C’est étrange, même les commerçants du bourg participent à son évolution, le stimulent en répondant toujours avec le sourire à ces questions qui sont une rengaine: « C’est quoi ça, où t’habites, comment tes t’appelles ? ». Jamais, il ne sera rejeté par ces gens qui n’ont as de liens avec nous !
Puis il y a aussi des amis, des vrais, qui sans calcul, ni pitié, vont stimuler Jean… Notre maison a toujours été ouverte, nous aimons recevoir, rire, partager ! Sans le savoir nous appliquons un peu cette méthode importée des Etats-Unis, qui fait ses preuves mais qui coûte cher, http://www.autisme-espoir.org/parent-suite-methode.html … Nous avons réellement cette chance j’en suis convaincue, de prendre la vie avec ses bons côtés, de laisser venir….
Pourtant ce n’est pas faute lorsque nous sommes seuls Pierre et moi, de nous dire nos angoisses, nos peines face à ce petit qui à l’évidence n’est pas tout à fait comme les autres . J’en parle aussi avec MA famille, mes parents, mes sœurs, eux aussi sont là pour nous épauler, nous rassurer…
Jean va rentrer à L’école dans la classe de Maryse, qui d’emblée, le mettra avec Ben un jeune trisomique… Je ne vais pas nier, c’est une claque que l’on se prend… Pas grave, ce n’est que le fait que d’UNE personne, bête et frustrée, nous n’en ferons pas une généralité…
Je pensais raconter ces années là avec de l’amertume, puis en écrivant, je me rends compte que j’ai le sourire. J’ai le sourire et en même temps une boule à l’estomac en évoquant certains souvenirs….. Peut-être que si j’avais écrit cette histoire à l’époque, je n’aurai pas retenu les sourires, alors que c’est grâce à ces moments que Jean Est-ce qu’il est maintenant…